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Jean Martin : Rendez-vous avec M. DupontIl pleut, il fait à peine plus de 15 degrés, nous sommes bien à Paris au mois d'août. Looping arrive à mon point de rencontre, à l'heure, comme d'habitude. Aucun membre de l'équipe ne connaît les lieux de vie ou planque des autres, c'est plus prudent. Il est difficile de résister à une sonde mentale ou la torture. Tous les autres sont déjà dans le van. Comme souvent Looping trouve une place où se garer, pas très loin du lieu de rendez-vous avec le M. Dupont du jour, Jean Lassiter. Je me suis longtemps demandé comment il pouvait avoir autant de chance aussi régulièrement (je ne crois pas au karma et autres conneries, je ne suis pas chaman mais magicien). Looping n'a pas la tête d'un type très futé, il ne l'est pas vraiment d'ailleurs, mais dès qu'il s'agit d'utiliser un truc avec un moteur il s'approche du génie. J'ai cru qu'il avait accès à un satellite, des communications de Centurion ou des trucs comme ça. En fait, la réalité est plus simple. Il envoie des drones Fly Spy en éclaireur, dès qu'un trouve une place il déploie un panneau physique et RA indiquant qu'il s'agit d'un emplacement réservé pour travaux. Ensuite, Looping choisi la meilleure place. Par meilleure place, il faut comprendre celle offrant les meilleurs chances de fuite. ![]() Le van nous transportant appartient à Looping mais nous l'avons tous amélioré. J'entretient la barrière astrale intérieure. Passe-Partout a fournit les contre-mesures et la peinture adaptative (différentes couleurs et de nombreux logos peuvent s'afficher). Tigre a amélioré l'armement et son intégration dans la structure du van. Quand il faut le laisser dans des coins pas très sûrs, Danta s'occupe de trouver des protecteurs. Looping ne nous conduit pas en réalité virtuelle (RV) car il s'occupe aussi de ses drones. Il n'est aidé que de la réalité augmentée (RA), ses réflexes câblés lui permettent de faire plusieurs choses à la fois en toute sécurité. Il a une fenêtre RA GPS lui indiquant la route et le trafic, cinq avec les "vues" de ses drones. Les Fly Spy sont petits, ils ne peuvent embarquer qu'un nombre limité de senseurs et tous n'ont pas une caméra vidéo classique. J'ai déjà fait un repérage astral du lieu de rendez-vous, Le Hobbit Gourmet. Rien de spécial. J'invoque quand même un veilleur pour me prévenir en cas de problème dans l'astral. Nous ne sommes armés que de pistolets dont nous avons les permis (faux permis accordés à nos identités, fausses elles-aussi bien sûr), le quartier est sûr, il ne faudrait pas inquiéter Centurion. Je suis Hubert Henri, mage de sécurité et garde du corps. Nous venons tous physiquement au rendez-vous, le monde à beau être moderne et magique, les hommes préfèrent parler à des hommes en direct plutôt qu'en RA et manifestation astrale (personne n'aime parler à un fantôme). Nous sortons du van à quelques pâtés de maisons du restaurant et nous rendons à l'adresse indiquée par différents chemins, histoire de bien repérer les lieux et d'éventuels fâcheux. Nos commlink sont interconnectés dans un même réseau (un PAN comme disent les techos). Chacun de nous possède une caméra (dans ses yeux cybernétiques ou ses lunettes), un biomoniteur et un microphone subvocal reliés à son commlink et ses informations sont partagées avec tout le monde en RA. Ainsi nous savons instantanément ce qui se passe avec chaque membre de l'équipe. Le PAN du restaurant me demande l'autorisation de m'inclure dans son réseau, j'accepte (après contrôle de son certificat, j'ai connu des petits malins qui lançaient une demande semblant venir de l'endroit où on entrait mais qui en réalité n'était qu'une astuce pour pirater plus facilement le commlink). Je signale que je cherche la table de M. Lassiter. Celle-ci est alors mise en évidence sur le plan 3D du restaurant. Il est dans la zone Hobbit. J'écoute les informations historiques fournies par le restaurant. Il a été renommé et modifié en 2022 après la gobelinisation en ork du patron. Il contient 3 zones, une elfe, une hobbit et une ork, chacune avec une carte différente. Les elfes ont des plats légers, exotiques et pleins de fibres, les orks beaucoup de viande, et les hobbit des plats nourrissants et originaux. On peut voir par des "fenêtres" des paysages différents dans chaque zone. Collines pour les hobbits, forêts pour les elfes et montagnes pour les orks. La zone elfe contient beaucoup d'elfes, la zone ork principalement des orks et des trolls, la zone hobbit beaucoup de norm et de nains. Comme quoi les clichés n'en sont pas forcément et les grands hommes peuvent se tromper : M. Tolkien, il n'y a pas de Hobbit ! Nous nous installons à la table de M. Lassiter. C'est un humain, d'une cinquantaine d'année, en costard et légèrement cybernétisé et énervé. Oui, je sais c'est malpoli de regarder l'aura de son patron, mais c'est plus prudent. - Bonjour messieurs, je vous en pris, asseyez vous et commandez. Looping était déjà affalé sur sa chaise bien sûr. Crash lance ses sprites (genre d'esprit de la matrice, je n'ai pas trop compris quand il m'a expliqué, j'avais l'impression d'être un norm écoutant un mage) sur plusieurs recherches liées à Lassiter, une sur son visage et sa voix, une générale sur son nom, une ciblée sur ses relations avec les corpos et milieux financiers. Danta laisse des messages de demande d'infos à ses contacts de la rue et de la pègre, je fais de même avec le milieu de magiciens et enchanteurs. Ce sont des contrôles de routine, les contrôles en profondeurs ne viendront que si nous avons le temps ou des soupçons. Lassiter nous invite à commander et à manger, nous parlerons affaires après le dessert. J'entends le commentaire subvocalisé de Danta : trop poli pour être honnête, celui-là. Honnête, je ne sais pas, rusé en tout cas. Pour choisir son plat, ceux ayant accès à la Réalité Virtuelle peuvent goûter les plats virtuellement avant de commander. Pendant le repas, il parle de sujets anodins mais qui lui permettent de cerner les types qu'il a en face de lui. Ce doit être un requin en affaires. Si nous n'étions pas tous un peu paranoïaques (c'est le métier qui veut ça), nous pourrions presque le prendre pour un ami. Danta sort quelques vannes, il semble sourire de bon coeur. Nous finissons le dessert, une charlotte fraise-caramel-chantilly pour moi. Les informations matricielles sont bonnes. Il est clean, solvable et sa soeur s'est faite assassiner il y a peu, avec son gosse. C'est probablement pour elle que nous sommes là. - Maintenant, parlons affaires messieurs. Ma soeur et son fils ont été odieusement assassinés. La police pense qu'il s'agit d'un fou isolé, je pense que non. Je désire que vous m'ameniez des preuves dans un sens ou dans l'autre. Je paie 20 000 d'avance, et 30 000 pour des preuves irréfutables. Je vous fournirai toutes les informations que j'aurais et je participerai à l'enquête en chassant les informations chez ces incompétents de flics, en restant dans la légalité bien sûr. Si vous n'apportez pas de preuves acceptables devant un tribunal, mais que vous me fournissez des certitudes sur l'identité des coupables, les 30 000 seront pour les éliminer de la manière que vous préférez pourvu qu'elle soit définitive. Ce contrat vous intéresse-t-il ? Je vous laisse en discuter entre vous. Il se lève et se dirige vers les toilettes. J'envoie mon veilleur le surveiller. Non ! Je ne suis pas parano ! Juste prudent. Looping nous avertit qu'il positionne un Fly près d'une fenêtre des toilettes. " Faudrait pas qu'i's'casse et nous laisse l'addition ! " Nous avons désormais une vue RA sur les toilettes. Passe-Partout pose un générateur de bruit blanc sur la table et nous communiquons en subvocal via notre PAN. Il récupère les empreintes de Lassiter sur son verre, juste pour un contrôle un peu plus poussé. Ce n'est pas souvent qu'on connaît le "vrai nom" d'un M. Dupont. J'invoque discrètement un deuxième veilleur pour nous surveiller, nous.
Crash : La soeur et son chiard sont morts brûlés ! Ca sent le truc de dingue ou de mago. Remarquez, ça se vaut. Après s'être soigneusement lavé les mains M. Lassiter revient. Nous avons le temps de voir que le drone de Looping se dirige vers les toilettes femmes avant qu'il ne pense à ne plus partager ses senseurs.
Moi : Nous sommes d'accord à condition que si Centurion amène les preuves qui manquent actuellement nous recevions quand même 10 000 euros. |